Showtime des Production Fidel et Syro des Studios-R

ShowTime 2006. 4 secondes qui ont anéanti l’avenir d’un technicien de scène.

Il faut remonter en 2006, alors que la revue musicale ShowTime des productions Fidel était en pleine croissance. Ce spectacle d’envergure était présenté depuis quelques années au Maquisart, salle de spectacle emblématique de Trois-Rivières. La revue musicale, qui comptait plus d’une dizaine d’artistes talentueux sur scène, victime de son succès, entreprit sa migration vers la prestigieuse Salle J.-Antonio-Thompson, passant ainsi de 300 sièges à un peu plus de 1 000 sièges.

Showtime des Production Fidel et Syro des Studios-R

À l’époque, Sylvain Syro Robert était concepteur multimédia pour la coopérative NEWTON Communications, entreprise qu’il avait fondé avec son frère David Robert et le concepteur sonore Sébastien Cloutier. Ils travaillaient déjà tous trois avec Stéphane Boileau (productions Fidel), aussi directeur de l’International de l’art vocal de Trois-Rivières (aujourd’hui Festivoix). Newton était notamment en charge de la conception des publicités télé du festival, de la captation et de la projection simultanée des spectacles sur écrans géants.

Lorsque le mandat fut donné à Syro de revisiter certaines projections multimédias et, surtout, d’assurer la synchronisation de l’ensemble du spectacle SHOWTIME depuis une régie “backstage”, il ne se doutait pas de l’ampleur du défi qu’il venait d’accepter. ¨Je me souviens avoir épuisé chaque ressource et farfouillé les possiblilités avec l’équipe. J’ai finalement opté pour une solution que l’on pourrait aujourd’hui qualifier d’extrêmement ¨NOOB¨. Comme il nous fallait, pour des raisons techniques, enregistrer le spectacle en multi-piste à chaque représentation, j’ai utilisé le logiciel CUBASE sur MacBook pour synchroniser l’ensemble du spectacle, vidéo inclus!¨.

La synchronisation du spectacle en entier se faisait depuis une simple barre d’espace sur un Mac portable, ce qui incluait le métronome dans l’ensemble des ¨in-Ear¨ (écouteurs de scène) de tous les musiciens, la diffusion des effets sonores pré-enregistrés, les signaux midi pour les changements de son des multiples pédales de guitares et synthétiseurs, et finalement, l’ensemble des projections vidéos des deux écrans de scène. Une caméra connectée en ¨firewire¨ servait de pont entre les projecteurs et le laptop. Malgré cette façon un précaire de faire rouler cette machine démesurée qu’était ShowTime, le système a tenu le coup plusieurs années.

¨Je me souviens qu’une seule fois, et ce, sur une soixantaine de représentations, au beau milieu du spectacle, le portable a planté. J’ai du redémarrer et relancer la synchronisation du spectacle en moins de 20 secondes pendant le monologue d’Alex Hentrix interprété par Yvan Toutant. Ce “reboot” de compétition a causé un retard de 4 secondes top chrono entre le monologue et le début de la chanson suivante¨.

4 secondes, ce n’est rien dans une vie, mais dans un spectacle de cette envergure, rodé au quart de tour, c’est un silence interminable. Il faut avoir vu ce spectacle pour comprendre que tout était synchronisé au millième de seconde. Ce spectacle était un marathon de changements de costumes, d’alternance d’instruments, de synchronisation des projections avec les éclairages, et ce, sur le rythme de 150 extraits des plus grands hits de l’histoire du 20e siècle. Syro se souvient de sa satisfaction sur le rendu de la projection de ¨Riders on the Storm¨ des Doors: ¨J’avais réussi à filmer quelques éclaire un soir d’orage puis j’avais filmé la simulation de pluie sur des cartons noirs dans ma douche à la maison…¨, se rappelle Syro, avec un sourire en coin. Des souvenirs de réalisations artistiques qui le plongeaient dans son élément, la créativité. Il note avec nostalgie l’équipe formidable et rodée qu’était celle de ShowTime. Malgré ces beaux souvenirs, il reste marqué par le rythme du spectacle, de la tâche ¨inhumainement stressante¨ qu’était son poste de synchronisation et par ce fameux 4 secondes.

¨Les mains moites, le coeur à 120 bpm, la sueur au front, les regards interrogatifs des musiciens entre les rideaux qui attendaient impatiemment le décompte du métronome…. et la voix du metteur en scène en fin de spectacle, cherchant le coupable.¨.

4 petites secondes, c’était une victoire comparativement à l’ampleur de la catastrophe qu’aurait été celle de perdre le portable pendant un bloc complet, mais il savait que ces 4 secondes avaient déstabilisé toute une équipe et ralenti ce train fou. C’est à ce moment précis qu’il pris la décision de ne plus jamais accepter le rôle de technicien de régie.

¨Des erreurs comme celle de penser que je peux porter tous les chapeaux, j’en ai fait quelques-unes dans ma carrière. Ce qui fait de moi ce que je suis aujourd’hui… je suis effectivement un artiste pluridisciplinaire, mais je ne suis pas un technicien de scène. Et j’ai, depuis ce jour, le plus grand des respects pour ces métiers, sous l’ombre des rideaux noirs, qui, de stress, de concentration et de professionnalisme, s’assurent que la machine du spectacle soit huilée et fonctionnelle...¨.

Ironiquement, la même année, à Baltimore USA, des concepteurs de l’entreprise Figure 53 fêtaient la naissance de QLab, un logiciel spécifiquement fait pour la synchronisation multimédia de spectacle. Aujourd’hui, que ce soit pour la projection architecturale ou pour le multimédia de spectacle, le scénariste, réalisateur en multimédia et directeur artistique des Studios-R inc, Sylvain Syro Robert, s’assure de collaborer avec des gens qualifiés pour la diffusion des réalisations artistiques de l’équipe. ¨Une fois en “live, nous ne sommes jamais à l’abri de bugs techniques, mais l’idée est d’avoir les meilleurs derrière la mécanique du spectacle, pour réagir rapidement et rendre ces détails imprévus presque imperceptibles aux yeux du public.¨.

Sur cette ode aux techniciens de la scène, Mesdames et Monsieur…. SHOWTIME!!!

Crédits photos: www.facebook.com/showtimelarevuemusicale